Sports & Skills : entretien avec Mehdi Bensafi

Mehdi Bensafi, Sport Manager en charge de la compétition de Taekwondo et Para Taekwondo pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 et président de l’association NECC (National ESport Club & Community) de Vaux-en Velin, collabore avec WorldSkills Lyon 2024 dans le cadre de notre programme Sports & Skills. Avant cela, Mehdi a également été entraîneur olympique pour la fédération française de Taekwondo puis Directeur Technique National Adjoint en charge de l’innovation, la recherche et le développement au sein de la fédération.  

Vous êtes aujourd’hui impliqué dans le programme Sports & Skills de WorldSkills Lyon 2024, qui a pour objectif de développer des liens pérennes entre sport et métiers. Connaissiez-vous le mouvement WorldSkills avant de participer au programme ?  

Je connaissais WorldSkills de très loin, j’en avais seulement entendu parler. Je savais que les compétitions de métiers existaient grâce à la couverture médiatique qu’il peut y avoir, mais je ne savais pas que ça existait sous la forme d’une Compétition internationale qui ressemble grandement aux Jeux Olympiques. C’est dans le cadre d’une visite en septembre 2023 des Finales Nationales WorldSkills France qui ont eu lieu à Lyon que j’ai été étonné des similitudes qu’il peut y avoir entre une compétition de métiers et une compétition sportive.  

Le sport a un rôle sociétal évident, et que ce soit dans les entreprises ou dans le sport ou eSport, il est important que les jeunes talents soient mis en valeur. Que pensez-vous du parallèle entre Compétiteurs / Compétitrices WorldSkills et athlètes ?    

D’abord nous avons en commun le mot compétition : et pour toute compétition, quel que soit le domaine, on a une préparation, et une expérience de préparation. Il y a ensuite le jour de compétition, et l’expérience de compétition. Dès qu’on parle d’expérience, on parle aussi de compétences qui sont maîtrisées ou abordées. Que ce soit une compétition sportive ou une compétition de métier, on en ressort avec des choses nouvelles qui vont permettre de construire un individu dans le reste de son parcours. Quand on parle de compétition sportive, on parle d’exigence. Quand on parle métier, on pense souvent productivité, et la productivité est aussi une forme d’exigence. On retrouve ce niveau d’excellence dans les métiers manuels où on se rapproche de l’art sur certains aspects. La Compétition WorldSkills arrive à mettre en avant l’excellence dans tous types de métiers en mettant en évidence les méthodologies, les entraînements, la vision et l’approche. 

À travers ses valeurs et principes d’inclusion et de diversité, le Comité d’Organisation WorldSkills Lyon 2024 a à cœur de mettre en avant l’importance de l’éducation de la jeunesse, à la fois via le programme Sports & Skills mais aussi via d’autres actions que nous menons. Vous semblez partagez ces valeurs puisque vous êtes engagé dans ce sens. Pouvez-vous nous parler de cet engagement ?  

En parallèle de mon parcours professionnel et de mes expériences, j’ai continué à m’investir dans le milieu associatif, et surtout auprès de la jeunesse, car je dois mon parcours et les compétences que j’ai acquises à des structures qui m’ont permis de rencontrer des gens déjà investis dans les domaines professionnels. On nous a attirés via des activités sportives et eSportives. Pour nous, le sport et le eSport sont des outils d’attractions, des prétextes qui vont permettre de capter les jeunes avec lesquels on va entamer un premier contact. Ils permettent de parler aux jeunes avec leurs codes, avec des choses qui les attirent et on s’en sert comme support, comme outil, pour faire véhiculer des messages sur les questions de la confiance, de l’entraînement, de la méthodologie, qui sont nécessaires dans ces domaines mais aussi pour acquérir des compétences qu’on peut retrouver dans le monde professionnel et dans les différents métiers sur la Compétition WorldSkills.  

Comme les athlètes, les Compétitrices et Compétiteurs WorldSkills sont coachés pour donner le meilleur d’eux-mêmes lors des compétitions. Auriez-vous un mot à dire à ces Compétitrices et Compétiteurs qui sont actuellement en pleines préparations physiques et mentales avant la Compétition mondiale de septembre ? 

Je vais leur dire quelque chose que je me suis répété quand j’étais coach olympique : on se dit parfois qu’on n’a pas le droit à l’erreur, car il n’y a qu’une médaille d’or. J’essayais sans cesse de regarder si j’avais activé tous les leviers que je pouvais activer, je me demandais dans quels domaines j’avais une marche de manœuvre que je n’étais pas allée chercher. Cela peut être sur la préparation physique, sur la préparation mentale, sur l’activité spécifique du métier…Les fameuses zones d’ombres qu’on préfère laisser à l’ombre parce qu’on ne se sent pas forcément en confiance. Et bien j’aimerais leur dire qu’il est encore temps de ne laisser aucune zone d’ombre !  

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